En tant que déléguée académique aux relations internationales et à la coopération, le cœur de ma mission est de mettre en œuvre le volet 4 du Projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie qui est d’ouvrir l’école néo-calédonienne à la région et au monde tout en développant l’interculturalité et en contribuant au rayonnement de la francophonie.

La crise sanitaire mondiale qui nous a tous surpris cette année et qui nous a amenés à fermer nos frontières brutalement a eu comme effet de stopper la dynamique engagée depuis des années entre nos établissements scolaires et ceux de la région avec lesquels de beaux partenariats et échanges, culturels linguistiques et citoyens s’étaient noués au fil des années.

En cette année anniversaire qui célèbre les 50 ans de la Francophonie, l’idée a donc germé de permettre aux jeunes de la Nouvelle-Calédonie et à ceux de la région Pacifique de continuer à tisser des liens entre eux, au-delà des frontières et de la crise, grâce à la langue française, quel que soit leur niveau de maîtrise, et grâce aux outils numériques. J’en ai discuté avec Valérie Meunier, directrice du CREIPAC et les inspectrices de lettres qui ont été enthousiastes et c’est ainsi qu’est né le projet Îles Lettrées.

Pour cette première édition, nous avons décidé de lancer un projet d’écriture poétique autour du thème de l’eau étant donné que cette année l’action « Dis-moi dix mots » s’intitule « Au fil de l’eau ». C’est donc au fil de l’eau que nous avons proposé à chacun de créer un poème pour présenter son île, sa culture, sa langue et se faire connaître, d’île en île, d’archipel en archipel et même île continent.

Je suis ravie et très émue de constater qu’en dépit des conditions difficiles, confinement, dé-confinement (re-confinement pour certains), enseignement à distance plus ou moins facile selon les territoires, angoisse du lendemain, peur de l’autre, du lendemain, repli sur soi…. de constater l’engouement qu’a connu cette première édition.

Un grand merci et bravo à tous les jeunes et à leurs enseignants qui ont tenu, malgré les obstacles, à participer jusqu’au bout à ce projet qui nous a permis de faire connaissance et de nous rapprocher les uns des autres.

Grâce à la situation sanitaire privilégiée en Nouvelle-Calédonie, nous avons eu le plaisir de vivre ensemble une journée de rencontre et de valorisation de ces écritures poétiques multiples dans les beaux jardins du CREIPAC, qui nous a accueillis superbement, comme à l’accoutumée.

Ceux qui n’ont pas pu se déplacer ont été présents malgré tout, par des mises en voix de leurs poèmes par des artistes néo-calédoniens, par des projections de vidéos, par des affichages….., et nous en sommes très heureux. Ce fut un moment émouvant de partages linguistiques et interculturels dont le vecteur aura été la langue française que nous avons en commun, bien qu’à des niveaux différents, ainsi que les valeurs humanistes véhiculées par la francophonie.

L’année prochaine, pour l’édition 2021 du projet Îles … Lettrées, nous vous proposerons l’écriture de contes collaboratifs dans lesquels, cette fois encore, il vous faudra intégrer des mots de l’opération « Dis-moi dix mots » dont le thème sera l’air sous toutes ses formes.

Nous vous souhaitons un merveilleux voyage grâce au recueil que nous vous présentons aujourd’hui. Laissez-vous porter au fil de l’eau et voguer à la rencontre des jeunes îliens lettrés 2020, au gré de vos lectures qui vous permettront d’accoster de rivage en rivage à travers les îles du Pacifique : Vanuatu, Fidji, Nouvelle-Zélande, Australie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Île de Pâques, Nouvelle-Calédonie…

Je voudrais profiter de l’occasion, pour remercier très chaleureusement Monsieur Yoann Lecourieux, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge de la francophonie ainsi que son collaborateur, mais aussi Valérie Meunier, directrice du CREIPAC et son équipe avec lesquels la collaboration est toujours agréable et porteuse de beaux projets.

Isabelle Arellano,
Déléguée académique aux relations européennes, internationales et à la coopération, (DAREIC) au vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie.


Lorsque ce projet a germé dans nos cerveaux en mars, en plein confinement, il s’inscrivait dans la lutte et la prévention de l’illettrisme puis chemin faisant il s’est étendu à la promotion de la langue française car lire et écrire conduisent à la maîtrise de la langue, et l’apprentissage de la langue se fait en lisant et en écrivant.

Prévenir l’illettrisme et maîtriser la langue ne sont pas forcément des concepts très stimulants ni « glamour » mais vous êtes pourtant parvenus à les enchanter et à les faire chanter !

Vous avez réussi, à partir d’un règlement de concours assez contraignant, à piocher dans la liste des dix mots, dont les termes sont loin de faire tous rêver : aquarelle / à vau-l’eau / engloutir / fluide / mangrove / oasis / ondée / plouf / ruisseler / spitant, à explorer les deux formes imposées l’anagramme et l’acrostiche, pour réaliser des compositions poétiques et artistiques qui ont dépassé toutes nos attentes.

Pour cela nous vous remercions infiniment. Pour la suite nous vous remercions beaucoup moins et les choses se sont singulièrement compliquées pour nous. Tous les poèmes étaient des pépites. Nous avons alors décidé de décerner plusieurs prix, plusieurs catégories pour pouvoir récompenser tous les poètes et tous les poèmes qui nous semblaient les plus méritants. Mais selon quels critères les classer ? Quelles catégories de prix retenir pour ne léser personne et valoriser les meilleurs.

Le prix de la poésie ? Difficile de choisir devant une telle inspiration et une telle créativité dans l’écriture, alliant l’émotion du contenu et la beauté de la forme.

D’autre part, tous les compétiteurs ne maîtrisaient pas la langue au même niveau, fallait-il mettre sur le même plan le Français Langue Maternelle, le Français Langue Seconde et le Français langue Etrangère ?

Nous avons pensé décerner le prix de l’île la mieux chantée par ses habitants. Le problème est que nous avions reçu des poèmes sur la Nouvelle-Calédonie écrit par des Wallisiens, des Siciliens et même des Oigandais, des Calédoniens qui habitent en Australie, des Futuniens qui chantent le Vanuatu, des Vanuatais qui louent la Papousie-Nouvelle-Guinée, des Pascuans, des Fidjiens, des Samoens? Comment identifier dans cette chatoyante diversité l’île la plus poétiquement chantée ?

Alors, un prix de la créativité? Mais toutes les productions rivalisaient d’imagination, de formes, de couleurs et de sens artistique impossibles à départager.

Nous sommes ensuite parties sur un prix de la citoyenneté, car de nombreux poèmes révélaient l’attention portée à l’environnement, à la protection de la nature et des ressources mais aussi se souciaient de l’autre, de l’altérité, du vivre ensemble. Autant de constats lucides et parfois cruels des atteintes qui sont portées à son semblable ou à son environnement. Autant de souhaits de votre génération, celle qui habitera la terre de demain, de voir survenir un peu plus d’égalité et de solidarité dans un monde en bonne santé.

Alors épuisées, à court d’idées pour trouver d’autres catégories qui auraient été sans doute toutes aussi injustes, nous avons renoncé et avons décerné le premier prix de cette première édition des Iles Lettrées à chaque élève, chaque classe, chaque établissement et à chaque île.

Madame Nougaro, IPR-IA de Lettres, et moi-même adressons à chacun d’entre vous toutes nos félicitations et vous donnons rendez-vous l’année prochaine, pour l’édition 2021 qui s’appuiera elle aussi sur « Dis-moi dix mots ». Je peux vous annoncer en avant-première qu’il sera consacré cette fois-ci à l’air avec les mots : aile, allure, buller, chambre à air, décoller, éolien, fœhn, fragrance, insuffler, vaporeux.

De quoi continuer à rêver, à imaginer, à inventer, à écrire, à lire, et à vous exprimer !

Emmanuelle GOULARD,
Inspectrice Lettres, Histoire-Géographie au vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie.

Cette année, la Francophonie fête ses 50 ans dans un contexte marqué par une crise sanitaire sans précédent. Les frontières sont fermées ? La langue française fait fi de ces contraintes.

Les Journées francophones du Pacifique organisées par le Centre de Rencontres et d’Échanges Internationaux du Pacifique (CREIPAC) pour la première fois les 28 et 29 octobre 2020 à Nouméa, ont permis de célébrer la langue française dans le Pacifique et de porter haut les valeurs de la Francophonie.

Alors que la mondialisation fait peser un risque d’uniformisation des cultures, la Francophonie, avec la langue française comme trait d’union de son action, est engagée depuis ses origines pour la diversité culturelle et linguistique.

La langue française est aujourd’hui parlée par plus de 300 millions de locuteurs dans le monde et la 5ème langue la plus parlée au monde. Si cette langue-monde est en revanche parlée par moins de 1% de la population en Asie-Océanie, cette région constitue la principale zone d’origine des étudiants internationaux dans le monde.

L’enjeu est donc de taille. Il s’agit en particulier de promouvoir l’usage de la langue française auprès des jeunes océaniens et de contribuer à son rayonnement dans cette zone. La langue française doit être un atout, un allié précieux pour poursuivre des études supérieures, trouver un emploi, mais aussi une force pour développer son imagination, stimuler sa créativité ou bien innover. L’une des clés de l’avenir de la francophonie dans cette région réside dans le développement de l’enseignement du français et dans la poursuite des échanges entre élèves francophones, grâce notamment aux outils numériques.

C’est dans ce contexte que le projet Iles Lettrées, initié par le vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie, a vu le jour, avec la volonté de créer une passerelle entre les élèves du Pacifique en stimulant leur imagination par l’écriture d’un poème en français sur leur île, sous forme d’une anagramme ou d’un acrostiche, à partir d »une liste de dix mots issus de l’opération Dis-moi dix mots.

Ce projet a suscité un véritable engouement, cette brochure l’atteste.

Les jeunes ont relevé le défi avec talent et enthousiasme. Parmi les dizaines de poèmes écrits par des jeunes de Nouvelle-Calédonie, de Wallis et Futuna, d’Australie, de Fidji, de Nouvelle-Zélande, de l’île de Pâques, de Papouasie-Nouvelle-Guinée ou du Vanuatu, le camaïeu de bleus du lagon, la fragile beauté de la nature, l’évidence du métissage ont jailli. Au-delà de la poésie, ces jeunes affichent leur attachement à la langue française, à leur volonté de préserver la fragile biodiversité des îles du Pacifique, et leur souhait de partager les valeurs de diversité culturelle et linguistique.

Merci aux jeunes Néo-Calédoniens et à tous les jeunes francophones de la région qui ont créé de magnifiques poèmes en français, où le cloisonnement s’efface au profit des échanges, où l’altérité mène à la tolérance.

Rendez-vous l’année prochaine pour une deuxième édition des Journées francophones du Pacifique où le projet Iles Lettrées mettra le cap sur le conte océanien.

Valérie MEUNIER,
Directrice du CREIPAC

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